Synopsis

Congo : Les coursiers de la jungle

Les Congolais ont l’habitude de dire que celui qui ne voyage pas ne connaît pas la valeur des hommes. Dans le Sud-Kivu, les voyageurs sont presque tous des héros. Il faut un courage immense pour sillonner les pistes de cette région oubliée de tous. La ville de Shabunda est l’une des plus enclavées du Congo.

Junior et Juvénal convoyent de l’essence au volant d’un vieux camion militaire allemand. Malgré les huit roues motrices de leur géant d’acier, ils mettent entre trois jours et trois semaines pour parcourir les 70 kilomètres qui les séparent de la ville, selon la saison. Il faut dire que la piste qui traverse la jungle ressemble, le plus souvent, à une mare de boue.

L’essence arrive par camion, car il est bien trop dangereux de la livrer par avion, contrairement à la nourriture. Par conséquent, le prix des denrées explose. Shabunda est tellement difficile d’accès que la vie y est plus chère que dans n’importe quelle ville européenne. Les familles les plus pauvres vont chercher de la nourriture à vélo ou à moto à l’autre bout de la piste. Ces forçats de la route transportent jusqu’à 250 kilos de marchandises dans la boue pendant trois jours.

Mais alors, pourquoi 80 000 personnes s’obstinent-elles à vivre à Shabunda ? Eh bien, pour l’immense trésor qui se trouve au fond de la rivière qui la borde : les ressources en or sont immenses. À moto, en vélo, derrière un volant ou aux commandes d’un avion, les six millions de Congolais de la région du Kivu se battent tous les jours sans jamais baisser les bras.